jeudi 26 mars 2015

LE POINT : Journal des Primeurs sur la rive droite

Journal des primeurs 7 : 2014, le profil se dessine !Sans tirer de conclusions définitives, premières impressions après un tour presque complet des appellations de la rive droite.

Vignoble du château Haut-Goujon à Montagne.
Vignoble du château Haut-Goujon à Montagne. © DR
Par et
Après deux semaines d'intenses dégustations - dents bleues, gencives violettes, merci tanins -, nous commençons à être en mesure de formuler un avis non définitif mais tout de même assez avisé sur la qualité du millésime 2014 sur la rive droite de la Garonne...Trompettes de la renommée, qui chaque année à l'heure des premières mises en marché, sonnez miracles et merveilles, calmez-vous ! Certes, ce millésime s'annonce bien meilleur que le précédent à Saint-Émilion et consorts. Mais de là à le comparer aux prestigieux aînés - 2010 ou autres -, il y a plus qu'un pas, un estuaire. Est-ce grave docteur ? Pas tant que ça, pour ceux qui, comme nous, aiment boire du vin sans calculer le taux d'alcool que chaque verre fait grimper dans l'organisme. Ce millésime est en effet bien loin de flirter avec les degrés inflationnistes de 2010 et affiche à l'inverse une fraîcheur agréable.

On renoue avec les 12,5° ou 13° acceptables sans atteindre, sauf chez ceux qui auraient confondu chais et fabrique de confitures, les 14,5° ou 15° et même parfois plus (non revendiqués sur l'étiquette) de ce grand et fort millésime. Des arômes de fruits frais dus aux conditions météo de l'été, des tanins assez doux en provenance des peaux assez épaisses, peu de vins surmûris du fait de la maturité arrivée fort tardivement dans la saison, une certaine acidité revigorante qui assure aussi de la garde. Si l'on voulait se lancer dans le jeu des comparaisons, on pourrait avancer que ce 2014 ressemblerait à un 2012 pour le fruit mâtiné de 2008 pour le frais auquel on aurait ajouté un soupçon de 2001 pour la rondeur et les notes épicées.

Appellations de milieu de gamme : excellent rapport prix-plaisir


Cela dessine un profil intéressant, qui peut avoir des conséquences en termes d'achat. Les vins de milieux de gamme, LALANDE-DE-POMEROL, puisseguin-saint-émilion, montagne-saint-émilion, ou ceux des côtes se révèlent intéressants. De moyenne garde, éclatants de saveurs, ronds, digestes, ils s'annoncent à des tarifs tout à fait raisonnables et pourront satisfaire une clientèle qui ne court pas après l'étiquette. D'autant que dans ces appellations, les progrès réalisés sont spectaculaires depuis dix ans, tant sur le plan des équipements techniques que du travail dans la vigne, où les pratiques ont beaucoup changé. Contrairement aux idées préconçues du bordeaux bashing ambiant, les producteurs travaillant dans le respect des sols et de l'environnement sont de plus en plus nombreux.

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À ce propos, nous sommes allés voir la famille Garde au château Haut-Goujon (8 hectares de montagne-saint-émilion, 8 hectares de lalande-de-pomerol et 2 hectares de bordeaux). Mickaël, en charge de la vigne et du vin, réalise un travail presque expérimental en matière de travail des sols. Pas de désherbage, mais des semis d'herbe et de céréales, qu'il varie chaque année : "Depuis 2009, on met l'accent sur la biodiversité, les semis d'engrais vert un rang sur deux permettent d'aérer les sols. Cette année, on a mis du seigle, du trèfle et de la vesce, mais l'année d'avant j'avais fait du blé. Avant, les domaines avaient tous des vaches, des chevaux et du blé, et cela participait à la biodiversité. Nous, on compense, on veut des sols avec de la vie pour traduire la finesse et l'élégance."

En revanche, nous restons dubitatifs quant à l'achat des grands crus, sauf baisse importante des prix, hautement improbable. Le fossé sur un tel millésime, aussi inhabituel entre les seigneurs et les autres, nous semble moins important que certaines années précédentes. Faut-il casser sa tirelire pour s'offrir du "classé" Rive droite ? Pour le moment, nous n'en sommes pas du tout persuadés.

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